L'occupation (1940-1944)
"Depuis quelque temps, des Allemands arpentent les champs alentours, et font des relevés du terrain. Puis un ordre d’expropriation arrive : ils vont y construire des blockhaus ! Aucune discussion possible… Mais ça ne s’arrête pas là. Une fois installés, ils réquisitionnent nos chambres pour les soldats, et une pièce au rez-de-chaussée où ils installent le central téléphonique de la batterie. Afin de bien marquer leur territoire, ils peignent sur la porte : centre de transmission - entrée interdite. On ne sent plus vraiment chez nous…".
Louis Jaffrès - Plounéour Trez - Cultivateur (1944)
"Depuis que l’armée allemande occupe la région, ce n’est pas compliqué. Tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire ! Obligation de soumettre aux réquisitions et expropriations. Interdiction de sortir la nuit : couvre-feu de 23h00 à 06h00.
Obligation d’adopter l’heure allemande : les pendules sont avancées d’une heure. Interdiction de publier ou détenir tout ouvrage pouvant nuire au prestige du Reich.
Obligation de circuler avec sa pièce d’identité. Interdiction de se réunir en groupe sur la voie publique. Obligation de s’écarter du trottoir pour laisser passer les soldats allemands. Interdiction de fêter l’armistice de 1918. Etc, etc… "
Edmond Calves - Brest - Ouvrier à l’arsenal (1940-1944)
"Dans la nuit, une énorme explosion a dévasté l’abri Sadi Carnot. Sapeur-pompier, j’arrive rapidement sur place. Mais durant des heures, l’entrée vomit des flammes de plus de 30 mètres de haut, et rend impossible toute intervention. Au petit matin, je suis désigné pour y descendre avec des marins-pompiers allemands. Il fait une forte chaleur, un écran de feu devant nous. Nous progressons petit à petit, arrosant pour avancer. Puis nous arrivons aux premières victimes. Le spectacle est affreux : partout des faces grimaçantes, des corps calcinés, en tas. Je ferme les yeux devant cette vision. Plusieurs allemands lâchent leurs lances et s’enfuient vers l’entrée. 371 Français et 500 à 600 Allemands ne verront pas la libération de la ville dix jours plus tard."
Paul Carquin - Brest - Sapeur-pompier (9 septembre 1944)