Souvenirs d'enfants (1944-1945)
"Mon père était prisonnier de guerre en Allemagne : détenu en stalag la nuit et travaillant à l’usine la journée. C’est comme ça qu’il a rencontré ma mère. Marta Hildegard Barz, une Allemande. Elle était veuve de guerre. Son mari, artilleur, avait été tué dans les combats de Stalingrad. Ils se sont côtoyés dans la clandestinité. Une Allemande avec un Français, c’était impensable ! Je suis né le 30 avril 1944 à Forst Lausitz, en Allemagne. Là-bas, après la guerre, mon père et moi étions vus comme des Français ; et donc mal vus. Nous avons déménagé dans le sud Finistère, son pays natal. Mais là, c’est ma mère et moi qui étions mal vus ; nous étions Allemands… Des dizaines d’année durant, j’ai été traité de sale boche. Parfois je me dis que si, à chaque fois, on m’avait donné une pièce, aujourd’hui je serai millionnaire… ".
Jean Le Ster - enfant de la guerre
"Oui Brest a été libérée, mais la ville est entièrement rasée. L’armée américaine a tout prévu, et après les soldats, arrivent de petites maisons préfabriquées en bois. Toutes identiques, rapides à monter, serrées les unes contre les autres. Les conditions de vie dans ces baraques sont assez rudes. En hiver il fait très froid mis à part autour du poêle situé dans la cuisine, et à l’inverse en été, il fait une chaleur abominable… Mais pour nous c’est un petit coin de paradis. On est heureux d’être enfin libres après ces quatre années d’occupation. On passe nos journées à jouer avec les copains, les uns chez les autres, ou dans les fortifications laissées par l’occupant. De ces neuf années, je retiens surtout l’entraide entre voisins et l’immense solidarité entre les familles".
Joseph Kervern - Brest - enfant (1955)